Je vous laisse découvrir la tribune que je cosigne aujourd'hui avec mes collègues Pierre-Yves Bournazel et Geoffroy Didier dans les colonnes du site de l'Huffington Post.
Un naufrage nommé Duflot
Par Pierre-Yves Bournazel, Geoffroy Didier et Géraldine Poirault-Gauvin, conseillers régionaux d'Ile-de-France
Quinze mois seulement après l’élection de leur allié François Hollande, les Verts sont déconfits. Pascal Durand est limogé. Noel Mamère a démissionné. Nicolas Hulot s’est envolé. Eva Joly s’est évaporée. La raison est simple : les écologistes, désormais liquides, marinent dans le jus gouvernemental et n’ont aucunement l’intention de le quitter. Cynisme et clanisme sont plus que jamais les mamelles de l’écologie politique. Et ce naufrage a une responsable bien identifiée : Cécile Duflot, celle par qui les postures et impostures arrivent.
Que ce soit à travers son parcours politique, son bilan à la Région d’Ile-de-France ou son maroquin ministériel, Cécile Duflot s’est très vite révélée une experte en arrangements et renoncements.
Son parcours politique aurait déjà dû nous mettre la puce à l’oreille, tant le décalage entre l’image moderne qu’elle prétend renvoyer et la vieille politique qu’elle pratique en réalité est à la fois permanent et indécent.
De la « nouvelle politique », vous dit-on ? Cécile Duflot a pourtant bel et bien souhaité être parachutée comme députée à Paris en 2012, évinçant une élue de proximité ancrée sur son territoire et qui a dû lâcher prise devant l’un de ces accords politiciens dont Madame Duflot a manifestement le secret.
De la « nouvelle politique », vous dit-on encore ? Cécile Duflot, apôtre du non-cumul des mandats devant les caméras, n’a sans doute pas trouvé le temps de se l’appliquer à elle-même. Comme au bon vieux temps, elle s’accorde le don d’ubiquité qui lui permet d’être à la fois députée de Paris et… conseillère municipale de Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne ! C’est donc bien la même Cécile Duflot qui côté jardin, ose déclarer que le non-cumul doit s’appliquer à tous dès 2014 mais qui, côté arrière-cour, est à la fois élue de Paris et du Val-de-Marne…
De la « nouvelle politique », vous dit-on toujours ? Alors que le gouvernement veut faire croire à l’exemplarité de ses ministres, c’est encore Cécile Duflot qui, il y a quelques semaines, mélangeait allègrement les genres en recevant en grande pompe tous les responsables de son parti politique sous les lambris de la République. C’est toujours elle qui, s’affichant à vélo pour mettre en scène sa simplicité prétendue, cache dans la cour de son ministère un parc automobile de voitures de fonction polluantes et bruyantes.
Les faits sont là : accordant bien plus d’importance aux dorures qu’aux idéaux, Cécile Duflot et son clan démontrent chaque jour aux Français leur cynisme absolu. Les Verts sont anticléricaux, antimilitaristes, antinucléaires… ? Les antis sont surtout des nantis. Et les révoltés de l’écosystème des profiteurs du système.
Le bilan de Cécile Duflot comme ancienne présidente du groupe des Verts à la Région d’Ile-de-France ne fait malheureusement que confirmer ce décalage permanent entre les discours de vertu et la réalité des actes.
Subventions indécentes, trains de vie somptuaires, contrats de travail hasardeux, gâchis publics… Quasiment chaque semaine, les Franciliens découvrent une nouvelle gabegie de la majorité rose-rouge-verte de la Région d’Ile-de-France présidée depuis 1998 par Jean-Paul Huchon et longtemps dirigée avec Cécile Duflot qui y a négocié pas moins de cinq postes de vice-présidents pour ses amis.
C’est le groupe de Cécile Duflot qui a ainsi accepté l’acquisition scandaleuse d’un hôtel particulier de près de 20 millions d’euros financée par les impôts des Franciliens pour y loger des bureaux de vice-présidents ! C’est le groupe de Cécile Duflot qui a aussi permis que la Région loue une plage privée au festival de Cannes aux frais du contribuable.
Mais c’est bien devant les 11 millions de Franciliens que Cécile Duflot et ses amis devront s’expliquer en 2015 pour avoir voté et toléré de tels agissements qui mettent à mal l’image de la première Région de France.
Les premiers pas de Cécile Duflot au gouvernement ne sont, enfin, guère plus enthousiasmants. Elle sait qu’elle doit sa place à un renoncement de taille : l’échange des circonscriptions contre des centrales nucléaires auxquels les Français ont assisté durant la campagne présidentielle, comme si l’action publique pouvait se résumer à des trocs électoraux.
Après l’échec d’un texte de loi retoqué par le Conseil constitutionnel pour amateurisme, Cécile Duflot passe surtout son temps à communiquer sur des sujets tels que la dépénalisation du cannabis ou le « verdissement » de la fiscalité. Elle fait toujours semblant d’exiger et de se révolter, mais ne croit pas utile d’afficher sa solidarité lorsque sa collègue Delphine Batho est écartée du gouvernement pour avoir conservé ses idéaux.
Dans le Val-de-Marne, à Paris, au Conseil régional d’Ile-de-France comme dans son ministère, Cécile Duflot apparait ainsi chaque jour davantage comme une adepte des vieilles pratiques dont les Français ne veulent plus. La vérité apparait doucement, mais surement : de Huchon à Hollande, c’est aujourd’hui l’histoire d’un naufrage Duflot.
Alors, nous, élus de la nouvelle génération, appelons Madame Duflot à mettre un terme à ses postures. Nous lui disons tout simplement : en plus de taxer les particules de carbone, tachez aussi d’émettre quelques atomes de sincérité dans l’action publique !
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