samedi 29 mai 2010

Les champions de l'absentéisme à Paris


Je vous laisse découvrir cet article publié aujourd'hui par Le Monde.fr qui reprend la position que mes collègues Pierre-Yves Bournazel, David Alphand et moi-même avons prise sur l'absentéisme des élus au Conseil de Paris.
"L'absentéisme scolaire", un "cancer" contre lequel "l'Etat doit se mobiliser" déclarait le 25 mai Nicolas Sarkozy, lors d'une visite du chef de l'Etat dans un collège de l'Oise. Mais les collégiens et lycéens ne sont pas les seuls adeptes de l'école buissonnière. En effet, de nombreux élus parisiens de gauche et de droite participent très irrégulièrement aux deux séances mensuelles du Conseil de Paris. La majorité municipale étudie la possibilité de moduler les indemnités des élus en fonction de leur participation (chaque conseiller reçoit 3 200 euros par mois).

CHRISTINE LAGARDE CHAMPIONNE DE LA CHAISE VIDE
Selon les comptes-rendus des conseil, que les participants doivent émarger, 70 des 163 conseillers de Paris affichent déjà quatre absences lors des 22 conseils municipaux et 22 conseils généraux qui se sont tenus depuis la réélection de Betrand Delanoë.

Le Monde.fr a compilé, à partir des feuilles de présences au Conseil de Paris, la liste des élus les moins présents. Christine Lagarde, élue du 12e arrondissement et ministre de l'économie, est la championne de la chaise vide avec 33 absences sur 44 séances. Son collègue Pierre Lellouche, élu du 8e et secrétaire d'Etat aux affaires européennes, occupe la troisième place du podium avec 22 absences.

Entre les deux ministres UMP se classe un élu de la majorité municipale, l'acteur Philippe Torreton, qui cumule 23 absences avant la mi-mandat. De nombreux habitués de la feuille d'absence sont des parlementaires. Daniel Vaillant, député-maire socialiste du 18e, a été noté absent dix fois, comme David Assouline , sénateur socialiste et conseiller du 20e. Les parlementaires UMP ne sont pas plus assidus : Bernard Debré, élu du 16e, affiche 14 absences, Françoise de Panafieu, élue du 17e et candidate au fauteuil de maire en 2008, en cumule, ex-æquo avec Catherine Dumas, sénatrice UMP. Marielle de Sarnez, députée européenne Modem, était également une absente chronique du conseil (elle a démissionné de son mandat parisien en avril). "Certaines sessions de l'Assemblée mordent sur celles du conseil général", explique Sylvain Garel, président du groupe Verts au Conseil de Paris, pour qui "cela repose la question du cumul des mandats."

Philippe Torreton n'est pas l'unique élu "show-biz" a zapper les séances du conseil : Firmine Richard, comédienne, élue du 19e, est également fâchée avec la feuille de présence. Même certains membres de l'exécutif sont régulièrement absents : Yamina Benguigui, réalisatrice, élue du 20e et adjointe au maire de Paris chargée de la lutte contre les discriminations et Seybah Dagoma, élue PS du 1er et adjointe au maire chargée de l'économie sociale et solidaire, ont chacune été absentes dix fois. Dominique Bertinotti, maire socialiste du 4e arrondissement a été noté absente 12 fois.

Pierre Charon, conseiller de Nicolas Sarkozy à l'Elysée et élu du 15e, n'est pas plus assidu (15 absences). Danièle Giazzi, vice-présidente du groupe UMP au Conseil de Paris a pratiqué la politique de la chaise vide à 11 reprises, comme Lynda Asmani (Nouveau Centre) élue du 10e et Michel Charzat (MRC) élu du 10e. Katia Lopez (20e), Florence Berthout UMP (1er), Michel Dumont UMP (7e) ont également dépassé les 25 % d'absentéisme. La liste n'est pas exhaustive, il ne s'agit que des cas les plus notables.

En avril, le Conseil régional d'Ile-de-France a décidé de sanctionner les élus en cas d'absentéisme non justifié. Les élus Verts parisiens ont déposé un vœu pour que des dispositions similaires soient prises au sein de l'assemblée des élus parisiens. Les écologistes ont été soutenus par trois élus UMP : Pierre-Yves Bournazel, David Alphand et Géraldine Poirault-Gauvin. "Lorsqu'on a un mandat représentatif , la moindre des choses est de siéger", estime Pierre-Yves Bournazel, conseiller de Paris UMP. "Il est temps de changer certaines habitudes". "Il est possible de pénaliser financièrement les élus parisiens dilettantes", estime Sylvain Garel.

DES "CONSEILLERS EXPRESS"
"Ce serait une erreur de s'arrêter à une comptabilité de la présence des élus", estime pour sa part Jean-François Lamour, président du groupe UMP au conseil de Paris. "Certains conseillers ont d'autres charges politiques qui rendent leur assiduité difficile mais qui renforcent leur voix lorsqu'ils s'expriment su sein de notre assemblée", estime le député du 15e , prenant la défense des ministres UMP.

En ce qui concerne les cumulards, "on ne peut pas reprocher aux parlementaires d'être loin de leurs électeurs et parallèlement leur refuser un mandat local", plaide l'ancien ministre des sports. "Enfin, l'activité d'un conseiller parisien ne se mesure pas uniquement au nombre de fois qu'il émarge au Conseil, mais plutôt à son implication sur les dossiers, ses prises de paroles, son travail au sein des délégations", explique-t-il. Un point sur lequel s'accordent l'ensemble des conseillers de Paris interrogés.

Il existe pourtant au sein de l'assemblée parisienne des "conseillers express". "Ils arrivent en séance le lundi matin à 9 heures, cherchent un huissier pour signer la feuille de présence, serrent quelques mains, croisent les journalistes et s'évaporent après quelques minutes", témoignent plusieurs élus de droite comme de gauche. Rachida Dati, maire UMP du 7e, et Jean-Marie Cavada, élu Nouveau Centre du 12e, sont régulièrement cités par leurs collègues comme étant coutumiers de la méthode. "La liste d'émargement à l'arrivée est néanmoins le seul moyen de contrôler l'assiduité des conseillers", tempère Ian Brossat, président du groupe communiste. "On ne va quand même pas faire pointer les élus !"

Eric Nunès

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