Municipales à Paris : «Je veux la paix, donc je me prépare à la guerre»
INTERVIEW – La jeune élue UMP du 15e arrondissement Géraldine Poirault-Gauvin est prête à défier le maire sortant et patron de la droite parisienne Philippe Goujon...
Le spectre de la division fait son retour sur la droite parisienne. Alors que Nathalie Kosciuszko-Morizet, candidate UMP à la Mairie de Paris, doit désigner ses têtes de liste le mois prochain, les risques de dissidences se multiplient dans la capitale. Après Marie-Claire Carrère-Gée, qui se présente dans le 14e contre NKM, et Michel Dumont, ancien maire du 7e, prêt à défier Rachida Dati dans son fief, c’est un autre poids lourd de la droite parisienne qui risque bientôt d’être contesté. Géraldine Poirault-Gauvin, jeune conseillère du 15e de 37 ans envisage en effet de se présenter contre Philippe Goujon, maire de cet arrondissement et président de la fédération UMP de Paris. Elle explique à 20 Minutes les raisons de ses choix et pratiques différents.
Quelle est la situation dans le 15e arrondissement?
Nous sommes dans un arrondissement qui est victime d’une certaine forme de caporalisation où tous les élus doivent s’aligner sur les positions fixées par Philippe Goujon. Par exemple, avec Catherine Margueritte [autre élue du 15e] nous avons voulu déposer un vœu pour qu'un bilan de la politique de sécurité dans le 15e soit débattu en conseil d'arrondissement avant la fin de l'année. Le maire a tout simplement refusé sans justification alors que nous étions prêtes à faire les aménagements de son choix. On sent qu’il ne veut pas d’initiative surtout de la part de personnes qui sont différentes, qui ne sont pas sur sa ligne.
C'est-à-dire?
J’ai fait des choix différents de ceux de Philippe Goujon dernièrement: pour la présidence de l’UMP, j’ai soutenu Jean-François Copé, alors qu’il militait pour François Fillon, pour les primaires à Paris, j’ai choisi Pierre-Yves Bournazel alors qu’il a appuyé NKM… Philippe Goujon a fait savoir qu’il ne voulait pas de moi sur sa liste pour les municipales. Moi, je veux faire de la politique autrement, pas comme un élu qui traverse son arrondissement avec son chauffeur ou qui décide de vivre dans le 15e à quelques mois des échéances électorales après trente ans de mandat. Il faut faire bouger les choses ici, que la droite parisienne change.
Comment comptez-vous faire évoluer la situation?
Je veux la paix, donc je me prépare à la guerre. Je ne suis pas une dissidente dans l’âme mais aujourd’hui, la situation est telle, qu'il faut des gestes forts. Je n’ai plus qu’à appuyer sur le bouton pour présenter une liste alternative. Même si je préfèrerais qu’on trouve un moyen de se rassembler car avec la montée du FN, le 15e pourrait basculer à gauche et nous faire perdre toutes chances de remporter la Mairie de Paris.
NKM est-elle au courant de vos intentions?Je lui ai fait part de la situation lors d’un tête-à-tête à la fin du mois d’août. Elle sait qu’il peut y avoir une dissidence dans le 15e si on ne trouve pas de solution. Elle n’a pas encore tranché mais elle s’est montrée compréhensive.
Est-il possible d’éviter une dissidence dans le 15e?Oui, pour qu’on s’entende avec Philippe Goujon, il faut qu’il y ait plus de liberté d’expression, que la droite décomplexée et la ligne politique de la Droite Forte soient représentées sur la liste UMP pour les municipales, et qu’il y ait plus de transparence dans cet arrondissement. Il faut absolument sortir du clientélisme qui y règne depuis des années notamment en ce qui concerne les attributions de places en crèches ou de logements sociaux.
Propos recueillis par Jérôme Comin
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