lundi 14 décembre 2009

Logement : la politique à court terme de Monsieur DELANOE


Logement : la politique à court terme de Monsieur DELANOE...

Séance du conseil de Paris. Voici mon intervention prononcée ce matin dans la discussion budgétaire de la Ville et du département de Paris sur le thème du logement.

Monsieur le Maire, mes Chers Collègues,

Lors de votre première mandature, au nom du changement d’ère, vous vous êtes appliqués à dénoncer tout le travail de vos prédécesseurs en matière de logement et vous avez commencé, au nom de l’article 55 de la sacro-sainte loi SRU (solidarité et renouvellement urbain), le grand chantier de la chasse aux classes moyennes ! Ecartées du secteur locatif parisien en raison de l’écart de 1 à 4 entre les loyers du parc social et ceux du secteur libre, les classes moyennes et les familles sont depuis 2001 contraintes à l’exode.

Pour cette nouvelle mandature, vous annonciez avoir entendu la détresse des classes moyennes mais nous voyons bien que dans les actes, rien ne change.

La mixité sociale est en grand danger et déjà de nombreux quartiers de la capitale souffrent des conséquences de cette politique non dénuée d’arrière-pensées électoralistes ! La main sur le cœur, vous servez d’abord ceux qui sont susceptibles de voter pour vous, en négligeant l’équilibre social des quartiers.

Vous regrettez la hausse des loyers et vous en appelez à l’aide de l’Etat pour encadrer cette hausse à Paris. Pourtant, depuis 2001, vous avez fait le choix de créer des logements sociaux essentiellement par acquisitions d’immeubles occupés, ce qui a pour effet contre-productif de maintenir voire d’amplifier les prix du foncier à un niveau très élevé dans le secteur libre tout en endettant la Ville de Paris. Cette politique de réduction du parc privé entraîne par ailleurs une hausse inéluctable des loyers : car ce qui est rare est cher !

Dans le même temps, vous avez découragé les promoteurs privés par des règles d’urbanisme dissuasives. En imposant aux projets immobiliers privés dépassant 800 m² de surface bâtie de consacrer 25% de l’ensemble au logement social, vous avez invité les investisseurs privés à regarder de l’autre côté du périphérique.

Pour atteindre vos objectifs de 40 000 logements financés sous la mandature, vous en appelez là encore à l’Etat. Il me semble important de rappeler dans cette assemblée l’effort considérable du gouvernement et sa mobilisation pour le logement.

Quand l’Etat finançait 50 000 logements sociaux en France en 2000, il en finance 150 000 en 2009. Le gouvernement Fillon produit trois fois plus de logements sociaux que le gouvernement Jospin, le chiffre est simple à retenir !

L’Etat, via les crédits délégués, participe en effet grandement à l’effort en faveur du logement social et de l’amélioration de l’habitat privé à Paris : pour mémoire pour la seule année 2009 respectivement 122 M€ et 28 M€. Et vous n’ignorez pas que l’effort sera maintenu et amplifié en 2010 en faveur du logement social dans les zones tendues dont l’Ile de France.

Mais au-delà de l’effort financier en matière de logements sociaux qui a été particulièrement notable avec le volet logement du plan de relance, le gouvernement a pris des mesures phares en faveur du logement des Parisiens, comme de l’ensemble de nos concitoyens. Par exemple :

Pour les locataires :

-l’obligation de conclure entre l’Etat et les bailleurs sociaux des conventions d’utilité sociale avec des objectifs précis, notamment de constructions nouvelles, d’entretien des logements et de revente des logements aux locataires seront fixés aux bailleurs sociaux. Monsieur MANO, vous qui avez critiqué vertement la revalorisation du supplément de loyer de solidarité, cet outil va vous permettre de baisser de 25% les surloyers. Qu’allez-vous décider à l’heure où Paris Habitat s’engage dans une Convention d’Utilité sociale?

-Création d’un nouvel indice pour l’évolution des loyers qui a divisé par deux la hausse des loyers en 2008 (ns attendons les chiffres pour 2009)

-le passage du dépôt de garantie à un mois de loyer

-un plan d’action pluriannuel signé par Valérie Pécresse pour le logement universitaire pour la construction et la rénovation de chambres universitaires, pour favoriser le logement intergénérationnel et la colocation.

Pour l’accession à la propriété :

-l’accord signé entre l’Etat et la fédération des Offices HLM qui prévoit que les locataires de logements HLM pourront devenir propriétaires mais que vous refusez de faire appliquer à Paris en interdisant aux bailleurs sociaux d’y souscrire
etc..


A côté de ce plan Marshall en faveur du logement, vous vous contentez de faire du chiffre pour atteindre l’objectif de 40 000 logements financés sous la mandature.

Revenant à une forme d’urbanisme totalement obsolète et condamnée, vous projetez d’entasser les ménages modestes dans des tours de 15 étages. Les sociologues ne cessent pourtant de nous dire qu’il ne faut pas renouveler les erreurs du passé !

Prévoir 55 % de logements sociaux par un amendement déposé par la première Adjointe sans la moindre concertation illustre votre politique arbitraire en la matière. Nous prenons acte de votre engagement à ne pas réaliser ces tours de 50 m dans le 15ème et nous nous battrons aux côtés de Brigitte Kuster pour combattre le massacre des Batignolles.

Obstinément, vous achetez des immeubles occupés à 85 % ce qui ne n’apporte pas de création ex-nihilo.

Rien n’est fait pour encourager un parcours résidentiel digne de ce nom !
Le taux de rotation dans le logement social parisien en 2008 ne cesse de s’effondrer, 4 % environ alors qu’au niveau national, le taux était de 9,7%.

Nous ne savons toujours rien des effets de la Charte des bailleurs sociaux, censée inciter les locataires dont la situation financière ou la composition familiale s’est modifiée, à libérer les logements pour ceux qui en ont besoin au nom de l’intérêt général.

Pouvez-vous nous rappeler le maigre bilan du prêt parcours résidentiel mis en place pour inciter les locataires de logements sociaux parisiens à devenir propriétaires d’un logement dans le secteur privé ?
Pire, nous constatons qu’il existe des dysfonctionnements inadmissibles en pleine crise du logement quand des logements sociaux restent vides et sont proposés à leurs bénéficiaires avec un retard considérable pouvant atteindre six mois de délai. Enfin, vous n’entretenez pas le parc social existant qui se délabre de jour en jour : l’état lamentable des ascenseurs, l’inaccessibilité de bien des bâtiments, l’insuffisance des moyens donnés pour le gardiennage et pour la sécurité dans les ensembles sociaux mettent en évidence votre imprévoyance et votre irresponsabilité. En refusant la vidéoprotection dans ces ensembles, vous privez les ménages les plus modestes de la première des libertés : la sécurité.

En conclusion, vous ne pouvez pas, 9 ans après votre accession au pouvoir à Paris, continuer à dire que tout ce qui marche est de votre fait, et tout ce qui ne marche pas est la faute de vos prédécesseurs ou de l’Etat, ou des deux à la fois !

Alors que la politique du gouvernement vise à débloquer la chaîne du logement, vous vous contentez d’une politique à court terme, électoraliste, dogmatique qui se traduit finalement par une très grande injustice.
Je vous remercie.

1 commentaire:

  1. Et encore, c'est rien, vous êtes bien loin du compte...

    Dans mon immeuble HLM, sur 25 logements, 5 sont vacants depuis plus de deux ans. Ils ont installé des protections pour éviter le squat.

    Ensuite, la gardienne est très peu présente. Sa loge est ouvert à peine plus de 5 heures par jour!

    L'ascenseur est en panne une semaine sur deux.

    Enfin, il y a plein de problèmes de voisinage mais Paris Habitat s'en lave les mains, ils refusent toute action pour les faire cesser comme si c'était un bon moyen pour assurer un minimum de turnover!

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