Retrouvez la tribune que je viens de signer sur le dossier de la Tour Triangle et qui a été publiée sur le site du Huffington Post.
La tour Triangle enterrée... un comble pour un immeuble censé chatouiller le ciel ! Pourtant, dans quelques jours, le projet Triangle à Paris 15ème risque d'être malheureusement enterré par le Conseil de Paris. Comment est-on arrivé à une telle catastrophe pour l'investissement dans notre Ville-monde? Les rétrogrades vont-ils gagner face aux visionnaires ? Dans l’éternelle bataille des anciens contre les modernes, ce sont bien les Parisiens qui vont en faire les frais!
La tour Triangle était pourtant un chantier fondamental du dernier mandat de Bertrand Delanoë, un geste architectural moteur de la modernisation du Parc des Expositions, Porte de Versailles. Pour les Parisiens fâchés avec les immeubles de grande hauteur depuis la Tour Montparnasse et le Front de Seine, elle faisait figure de pari audacieux dans cette ville si souvent considérée comme muséifiée. Pour le 15ème arrondissement, composé de villages divers, Triangle pouvait clairement devenir un emblème prestigieux.
Ce gratte-ciel, imaginé par les célèbres architectes Herzog et De Meuron, avait suscité de nombreux débats à ses prémices. Mais le principe de sa création avait été bel et bien acté par plusieurs votes et avait fini par rassembler au-delà des bancs de la gauche : le centre et la droite s'étaient laissés convaincre tout en maintenant un peu la pression pour satisfaire les associations de riverains - d’électeurs - immédiats.
Aujourd’hui, les arguments avancés par ses détracteurs ne tiennent pas la route. Contrairement à ce qu’ils affirment, Triangle n’est pas une tour de bureaux isolée, mais un élément d’un projet plus vaste qui s’inscrit dans un quartier qui aspire à un nouveau dynamisme. En effet, la Porte de Versailles avec son Parc des expositions est un des poumons économiques de notre capitale qui doit reprendre son souffle. Un peu vieilli, ce secteur est de plus en plus boudé par les organisateurs de salons internationaux et autres grandes manifestations qui préfèrent les infrastructures de Villepinte plus adaptées aux besoins des exposants. La rénovation du Parc des Expositions en cours et Triangle devaient lui redonner un vernis et une modernisation indispensables !
Mais Triangle comprend aussi un équipement destiné à la petite enfance pour les familles du 15ème arrondissement, ainsi qu’une vitrine commerciale ouverte à une très large clientèle. La tour sera implantée dans un jardin public créé pour l’accueillir.
A tous ceux qui décrient une tour anti-écologique, opposons que, bien desservie par les transports en commun, au cœur de la Ville historique de notre métropole, elle permettra de limiter les déplacements motorisés.
A tous ceux qui ne croient pas aux milliers d’emplois créés grâce à Triangle dans Paris intra-muros, faut-il rappeler que la situation de l’emploi dans notre pays ne nous offre pas le luxe de rester les bras croisés ? Acceptent-ils que ces emplois soient créés ailleurs ou plus du tout ? Les immeubles de bureaux haussmanniens ne correspondent pas aux besoins actuels des entreprises innovantes qui font leur nid dans des espaces adaptés aux modes de travail du 21ème siècle. Triangle répond à ce défi d’un urbanisme entrepreneurial moderne et innovant.
Et puis Triangle doit être un symbole, un pied-de-nez à la crise que connaît notre pays, comme à New York, la Liberty Tower a été un pied-de-nez au terrorisme. Oui, à New York on continue à édifier des gratte-ciel contrairement à ce qu’affirment les opposants à Triangle !
Pendant six ans, les élus parisiens de la droite et du centre ont laissé le projet avancer, rappelant leurs exigences et leurs doléances, mais en laissant faire. Combien de millions d’euros ont été dépensés par les promoteurs Unibail-Rodamco et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris pour les études d’impact, les travaux des architectes, les propositions de modifications du réseau de transports ? Combien de services et de collaborateurs de la Mairie de Paris, payés par les contribuables parisiens, ont été mobilisés pour monter ce dossier toutes ces années? Une telle énergie déployée devrait être définitivement perdue parce qu’une cinquantaine d’élus ont le sentiment de jouer leur rôle d’opposants à la gauche en votant contre Triangle ? Qui sont ces élus, sans conviction, qui reviennent sur leur vote ? Personne ne peut en vouloir aux élus écologistes qui ont toujours été contre ce projet. Mais l’UMP et l’UDI ne doivent pas flancher par calculs politiciens !
Demain, quel investisseur croira en la parole donnée par les élus de notre capitale ? Paris va devenir un repoussoir et les projets ambitieux continueront à s’implanter dans la banlieue limitrophe. Le Maire du 15ème ne supportait pas il y a encore quelques années que son arrondissement soit considéré comme la banlieue d’Issy-les-Moulineaux ! Avec ce nouveau retournement de veste, plus personne ne va vouloir faire le pari du 15ème arrondissement.
Etre élu à Paris oblige à être un peu avant-gardiste! L’exigence d’audace et de courage n’est pas optionnelle, elle est fondamentale. La droite parisienne ne gagnera jamais la capitale si elle regarde toujours dans le rétroviseur ! Où sont passés les beaux discours sur le Grand Paris initié par Nicolas Sarkozy, sur le besoin d’imaginer la Ville dans 30 ans pour prendre les bonnes décisions, sur la nécessité de soutenir des gestes architecturaux ?
Dans les années 1980, les élus du 15ème arrondissement de Paris avaient ordonné une levée de boucliers contre la construction de l’Institut du monde Arabe sur un terrain vague dit de la Fédération à deux pas de la Tour Eiffel… La belle affaire ! Aujourd’hui, les riverains ont sous les yeux, à cet endroit, une « magnifique » grande surface de bricolage surplombée par des logements sociaux. Et c’est le bienheureux 5ème arrondissement qui profite de la beauté de l’ouvrage de Jean Nouvel. Voilà ce qui arrive quand on a peur de tout.
La droite parisienne, comme le centre, doivent montrer leur capacité à sortir du sectarisme qui aveugle et qui fait prendre les mauvaises décisions. Nathalie Kosciusko-Morizet, si elle aime Paris, doit entendre la voix de ceux qui, dans son groupe, rappellent l’accord donné par la droite en 2009. Car les électeurs n’aiment pas les élus girouettes, sans colonne vertébrale, qui reviennent sans cesse sur la parole donnée. Redorons l’image du Politique avec un grand « P », celui qui tient la barre malgré la tempête, à l’image du blason de Paris « Fluctuat nec mergitur ».
Voter contre Triangle, ce n’est pas voter contre Anne Hidalgo et la gauche au pouvoir ;
Voter contre Triangle, c'est voter contre Paris !