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mardi 24 novembre 2009

Un habitat beau, durable, accessible, solidaire, modulable et à la portée de tous les budgets !


Intervention de Géraldine POIRAULT-GAUVIN sur le Programme Local de l’Habitat au Conseil de Paris

"Mes Chers Collègues,
En ville, et encore plus dans notre Ville Capitale, le logement est un facteur d’intégration sociale qui permet l’ancrage de chacun dans son quartier. Avoir un toit, c’est déjà beaucoup. Je dirais que c’est le minimum. Mais devons-nous nous contentez du minimum ?

Le programme local de l’habitat qui va être élaboré est un document de stratégie de l’ensemble de la politique de logement locale à échelle communale qui permet de décider des orientations court terme, sur six ans, en établissant un diagnostic, en définissant les enjeux et en proposant un plan d’action.

Je ne reviendrais pas longuement sur le diagnostic, nous le connaissons tous.

-A Paris, quand on écoute les Parisiens, ils nous disent que les logements sont trop chers / trop petits dans le secteur privé. Les jeunes ménages avec enfants quittent Paris ne pouvant payer ces loyers trop élevés. La flambée spectaculaire des prix immobiliers et des loyers libres a marqué votre première mandature.

-dans le même temps, 120 000 demandeurs de logement social sont en attente. Ils remplissent les salles d’attente de nos permanences, et sur tous les rangs, nous les recevons en suscitant chez eux l’espoir. Système hypocrite car nous le savons tous : seule une poignée seulement recevra satisfaction.

Vous n’avez pas construit assez de logements sociaux neufs sous la précédente mandature. Vous n’avez pas réalisé suffisamment de mixité entre logement social, accession sociale à la propriété, logement intermédiaire et logement privé ! La sanctuarisation de la loi SRU est responsable en grande partie de cette situation.

Qui aura le courage un jour d’ouvrir un jour un chantier qui s’impose comme une évidence : un contrat de bail social à durée déterminée à Paris pour faire du logement social, une étape seulement, un coup de pouce ponctuel dans un parcours résidentiel. Cette mesure aurait pour conséquence -j’en suis convaincue- un taux de rotation plus important dans le parc HLM et permettrait alors de répondre plus efficacement à l’urgence. Le logement social deviendrait une transition et non une fin en soi. Il faut aussi aider les Parisiens à sortir du logement social en passant par la case logement intermédiaire.

Aujourd’hui, la situation du logement social est révélatrice d’un Paris qui se coupe en 2 entre les plus aidés et les plus aisés. Et les classes moyennes dans tout cela ?

Pourtant nous ne cessons de le dire, mais vous faites exprès de ne pas le retenir, le groupe UMPPA a adopté la quasi-totalité des projets de délibération de construction, rénovation ou de réhabilitation de logements sociaux. Dans le 15ème, c’est la totalité sans exception.
Ce que dénoncent les élus de notre groupe à chaque fois c’est que ces projets ne s’accompagnent pas des créations d’équipements publics nécessaires, et de services publics municipaux : crèches, écoles, accompagnement social.

Mais je m’arrêterais là sur le diagnostic, pour concentrer mon intervention sur les propositions.

Quelle est notre ambition en matière d’habitat ?

Un habitat beau, durable, accessible, solidaire, modulable et à la portée de tous les budgets ! C’est l’idéal vers lequel nous devons tous tendre !

-Faire du beau, y compris pour les logements sociaux, pour que social ne rime plus avec banal… Nous souhaitons une audace architecturale de l’habitat, y compris de l’habitat social. Mais vous ne pensez qu’à faire du chiffre (40 000 logements sous la mandature) quitte à reproduire les erreurs du passé dans des immeubles de 50 m qui ne sont pas ce que l’on appelle des tours, mais des barres. Nous sommes un certain nombre d’élus à prôner la construction de vrais gratte-ciels à Paris, à ne pas avoir peur de prendre un peu de hauteur, à condition que ces gratte-ciels soient des tours mixant logements, bureaux, services à la personne…

Il faut repenser les quartiers dans leur ensemble. La mixité ne s’improvise pas. Pour fonctionner elle doit être totalement réinventée. Vous vous donnez bonne conscience en transformant un immeuble des beaux quartiers en logement social, mais vous ne réglez rien si l’accompagnement des familles est négligé. Les commissions d’attribution doivent sans doute procéder à un travail de réflexion sur la notion de voisinage, notamment pour accompagner les familles en difficulté. Pour avoir du sens, la mixité doit être pensée à l’échelle de la rue et du quartier, mais aussi de l’immeuble.

-de l’habitat accessible avec des logements adaptés aux personnes âgées et aux personnes à mobilité réduite, dotés d’équipements électroniques facilitant le travail à domicile.

-de l’habitat solidaire avec des bâtiments offrant des logements inter-générationnels qui accueille des voisins solidaires pour une ville plus humaine qui rompt avec le « chacun pour soi ».
A ce titre, cet habitat trouvera tout son sens s’il s’accompagne de mesures complémentaires comme la revalorisation des métiers de gardien et de concierge, poste clé dans la vie d’un immeuble car ils jouent un rôle central dans l’apprentissage du vivre-ensemble.

-de l’habitat durable avec des logements éco-exemplaires dans les éco-quartiers : des bâtiments à haute performance énergétique, basse consommation, puis à énergie positive à horizon 2020. Il convient donc de traiter aussi les logements sociaux énergivores.
Certains exemples d’habitat durable peuvent être sources d’inspiration :
- en France, construction de 2000 logements chauffés au bois à Beauvais pour 2010 dans le quartier Saint-Jean avec un réseau de chauffage qui engendrera une économie de 8000 tonnes de CO2 par an.
- à Berlin où l’on peut découvrir des bâtiments écologiques modèles : -des maisons en matériaux propres dans le quartier Lebenstraum, un gratte-ciel dont la façade réagit aux températures à Kochstraße, un bâtiment réalisé à 100 % en sapin dans le quartier de Prenzlauer Berg.

-de l’habitat modulable qui s’adapte aux étapes de la vie d’un foyer.

Enfin sur les cimes de Paris : des panneaux solaires.
Des toitures végétalisées ? Pourquoi pas ! Mais pour quoi faire ? Pas un gadget comme les éoliennes dont on sait qu’à moins de 12m, elles ne sont pas efficaces. Ces toitures végétalisées auront du sens si elles permettent d’oxygéner les quartiers fragiles et de créer du lien, de la solidarité entre les habitants d’un même immeuble, notamment pour leur entretien.

Vous l’avez compris, Mes Chers Collègues, il ne suffit pas d’avoir un grand rêve pour Paris, il faut se donner les moyens de le réaliser. L’élaboration du Programme local de l’habitat est une occasion pour Paris de corriger les erreurs du passé en matière de logement et de fixer une ambition pour l’avenir. Les conséquences des choix en matière de logement doivent être lourdement pesées pour ne pas les faire retomber sur les générations futures. Changer la Ville pour changer la vie, de demain et d’après-demain !"

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